"La contribution
des processus de résonance à la cognition sociale
humaine"
Les développements récents dans
les neurosciences de l’action ont fait progresser notre
compréhension de la cognition motrice humaine. En particulier,
on interprète couramment l’activité du système
dit "miroir", découvert d’abord dans le
cortex pré-moteur des singes macaques, comme un mécanisme
qui permet à un observateur de comprendre une action perçue
(et exécutée par autrui) grâce à la
simulation motrice des mouvements observés de l’agent
qui exécute l’action. Plus récemment, l’imagerie
cérébrale chez l’homme a révélé
qu’une même aire cérébrale (à
savoir l’insula) est active lorsqu’une personne éprouve
l’émotion du dégoût (provoquée
par l’inhalation d’une odeur) et lorsqu’elle
perçoit visuellement le visage d’une autre personne
éprouvant du dégoût. Ces découvertes
ouvrent la perspective d’une théorie de la cognition
sociale humaine fondée sur des processus de résonance,
selon laquelle les capacités de simulation constitueraient
la base de la cognition sociale humaine. La cognition sociale
humaine inclut notamment la capacité de représenter
les états mentaux d’autrui (mindreading ou psychologie
naïve). Or, avant que les neurosciences cognitives ne découvrent
l’importance des processus de résonance, des psychologues
cognitifs et des philosophes de l’esprit ont proposé
une théorie dite "simulationniste" de la psychologie
naïve, selon laquelle chaque être humain aurait la
capacité fondamentale d’utiliser ses propres ressources
cognitives en première personne pour simuler la perspective
psychologique d’autrui. L’un des problèmes
scientifiques fondamentaux soulevés par la découverte
des processus de résonance dans les neurosciences cognitives
est donc de savoir si ces processus de résonance constituent
la base cérébrale de la capacité de simulation
qui, selon les partisans de la théorie de la simulation,
sous-tend la psychologie naïve humaine.
Certains de ces problèmes ont été débattus
dans le cadre d’un séminaire virtuel sur "La
signification des neurones miroir" organisé à
l’automne 2004 par Gloria Origgi et Dan Sperber, et au cours
duquel cinq articles (rédigés respectivement par
Vittorio Gallese, Pierre Jacob et Marc Jeannerod, Gergely Csibra,
Alvin Goldman et Susan Hurley) ont été mis en ligne
et discutés pendant trois mois. Les actes peuvent être
consultés à l’adresse: http://www.interdisciplines.org/mirror.
En raison du succès de ce séminaire virtuel, il
est apparu souhaitable d’organiser un colloque pour poursuivre
l’exploration interdisciplinaire des questions soulevées
par la contribution des processus de résonance à
la cognition sociale humaine, et notamment à la compréhension
psychologique d’autrui.
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